La Princesse Turandot
Le noir est si profond.
D’où viennent ces voix, ces ombres ? Qui tire les ficelles ?
Ce n’est pas vrai ? Si, puisque c’est du théâtre !
La Princesse Turandot
Hier dans son pays, cet homme était prince. Aujourd’hui homme ordinaire en complet veston, il vient ici au théâtre, pour rassembler les débris de son passé, car il a tout perdu. Il est prêt à risquer sa tête pour retrouver sa vie, dans un extraordinaire voyage à travers le temps, l’espace et le rêve. Il s’agit d’un conte : le Prince Kalaf nous livre son histoire.
Cette histoire veut que le Prince Kalaf tombe amoureux du portrait d’une femme cruelle, la Princesse Turandot. Celle-ci désire si peu les hommes, qu’elle soumet ses prétendants à des énigmes impossibles. Ils échouent et se font trancher la tête !
Défiant les mises en garde, notre homme s’arrache à son quotidien et entre courageusement dans le monde de Turandot : il affronte sa cruauté, se présente devant le jury et répond aux énigmes. Il devrait alors l’épouser mais par amour pour sa princesse impitoyable, il choisit de lui donner une dernière chance d’échapper au mariage. Il met alors en jeu sa propre identité : Turandot doit à son tour, en un jour, répondre à la question « Qui est-il ? » Si elle trouve, elle gagne et il part ; si elle ne trouve pas, elle perd et il reste ! Pour avoir le dernier mot, la jeune femme va tout tenter : intrigues, mensonges, tortures… Elle s’acharne.
Le noir est si profond. D’où viennent ces voix, ces ombres ? Qui tire les ficelles ? Ce n’est pas vrai ? Si, puisque c’est du théâtre ! Le théâtre, oasis de l’âme, se donne alors comme la représentation de la mémoire et du souvenir. La nostalgie rassemble les humains sur l’angoissante scène du rêve à la recherche d’un bonheur perdu ou jamais vécu. En dehors de toute convention, le désir surgit là où personne ne l’attendait et l’amour gagne un sanglant combat contre la mort…
LES MASQUES : Lucia Picaro
Lucia Picaro a travaillé plus d’un an sur l’invention et la fabrication des masques du spectacle, en dialogue constant avec la dramaturgie et le travail de Dominique Serron et des acteurs, dans l’invention d’un langage singulier.
Cette création contemporaine s’appuie sur une connaissance et un profond respect des traditions italienne et orientale de cet art. Les demi-masques de la Commedia dell’arte (dont les caractères zoomorphes évoquent les archétypes sociaux) croisent ainsi les masques pleins inspirés des traditions balinaise (les eunuques) ou japonaise (les amoureux) que Lucia Picaro connaît bien.
Ces masques sont réalisés en papier mâché, matériau traditionnel. Ils ont ensuite été peints avec patience et douceur, un peu à la manière des peintres italiens de la Renaissance, en superposant les couches de couleur pour leur donner vie et profondeur.
Pour cette création, Lucia s’est entourée de certains de ses élèves, intéressés par la construction des masques, investis dans une démarche de création qui demande une certaine approche, un cheminement, lent, philosophique, intérieur, patient.
Les comédiens ont participé à la création des masques, étape importante s’il en est puisque c’est eux qui leur donneront vie. Il est en effet essentiel, dans l’invention de ce langage particulier, que le comédien sente la matière, épouse la sculpture, et de la terre et du corps, habite le masque, y dépose une charge émotionnelle, lui donne souffle… pour un jour le danser.
LA MUSIQUE : Gauthier Lisein
Pour La Princesse Turandot, Gauthier Lisein, complice musical de Dominique Serron depuis 1983, musicien multi-instrumentiste, passionné de danse et d’aventures peu communes, a réalisé un travail de composition et d’orchestration original et atypique, en dialogue étroit avec la dramaturgie et la mise en scène.
Pour évoquer l’Italie du XVIIIème, Vivaldi et le quatuor à corde se sont vite imposés, tout comme l’usage de la basse continue et la forme classique. La Chine imaginaire dans laquelle se déroule le conte invite Gauthier à plonger dans ce « royaume culturel de l’Orient » que l’on retrouve au travers d’instruments comme le luth, les percussions, les cymbales ou les flûtes, mais également dans certaines ondulations mélodiques ou dans des évocations de chants perses. La voix, instrument sensible par excellence, devient contrepoint du récit des conteurs, car pour parler d’amour, de sentiments, de relations humaines, le chant, tout comme le corps, libère ce que les mots parfois taisent. L’écriture de mélodies chromatiques sans cesse parcourues de fausses résolutions permettent d’évoquer la recherche d’identité et les indécisions de l’amour.
Ce théâtre d’émotion et la conception libre de la mise en scène, incitent Gauthier à penser une musique flexible, aléatoire, sensible au jeu des comédiens. Pour marier cette capacité du « live » à une vision orchestrale de la musique, Gauthier se tourne vers un programme informatique, « Live » de Ableton, gestionnaire de « Loops » qui permet de combiner les séquences sonores à l’infini. Il a donc composé cinq thèmes musicaux principaux suivant les cinq étapes importantes de l’évolution dramatique de l’histoire, en adéquation avec les trajets des personnages. Ces thèmes sont écrits dans des tonalités, mesures rythmiques et tempos parallèles qui permettent des les combiner sans accrocs, de s’interpénétrer pour s’adapter à ce qui se passe sur le plateau. Chaque soir, le musicien réinvente. Il recompose en direct la musique à partir des différents éléments dont il dispose, épousant la danse et la voix du soir, redessinant le paysage sonore, reformant un puzzle dont l’image finale n’est jamais iden4que.
DISTRIBUTION
Adaptation et mise en scène : Dominique Serron
Assistant : Maxime Pistorio
Composition originale : Gauthier Lisein
Création et réalisation des masques : Lucia Picaro
Scénographie : Anne Guilleray
Création des costumes : Renata Gorka
Création lumière : Xavier Lauwers
Comédiens (en alternance) :
France Bastoen
Mélanie Delva
Alexia Depicker
Laure Volglaire
Patrick Brüll
Laurent Capelluto
Toni D’Antonio
Afasali Dewaele
Stéphane Fenocchi
Vincent Huertas
Fabien Robert
Fabrizio Rongione
Luc Van Grunderbeek
Vincent Zabus
Acteurs stagiaires :
Julien Lemonnier et Barbara Van Dievel
Musiciens :
Gauthier Lisein ou Maxime Pistorio
Régie : Thomas Kazakos,
Philippe Millet et Florent Deville
Construction du décor : Frédéric Op de Beeck
Confection des costumes : Françoise Van Thienen, assistée de Lise Lejeune, Sylvie Thévenard et Nina Juncker
Assistants à la réalisation des masques :
Cécile Marion, Eve-Coralie De Visscher, Jimmy Araujo, Laura Lamouchi, Nolwenn Vivier, Marie Messien, Arnaud Derrache, Nina Juncker avec l’aide de la Maison Boudart-Jurczek de Binche
Une production de l’Infini Théâtre en coproduction avec le Théâtre de Namur
et en partenariat avec la Commune d’Ixelles.