Ubu Roi

Par un véritable tourbillon de création, Jarry dénonce les travers universels du
pouvoir

 

Une oeuvre audacieuse qui boulverse les codes établis

Alfred Jarry refusait la tradition classique et le théâtre officiel qui flattent les spectateurs dans leurs goûts ; il voulait bousculer et il y parvient toujours ! Ubu surgit du néant comme un texte prématuré de la modernité, né avant son temps. Il procède à la fois de la déconstruction et de l’invention fictionnelle  utilisant un langage inouï explosif, corrosif et hilarant.

Nourrie d’une invraisemblable quantité de références et de citations, l’œuvre affirme cependant une authenticité rarement atteinte dans l’histoire du théâtre français.

La structure de la pièce s’apparente à un drame historique mais les personnages vulgaires, trouillards et cupides n’ont rien reçu en héritage des héros Shakespeariens sinon la posture, la force dionysiaque et l’autorité de répartie.

Ubu Roi est la mise en scène carnavalesque du pouvoir absolu comme pouvoir du mal dominé et dirigé par l’engrenage aveugle de l’argent et de la guerre. Une œuvre prophétique, écrite en une suite de différents titres, par une jeune plume inspirée et débridée.

 

La fable nous raconte un épisode épique d’une série qui nous semble déjà connue.

Le père et la mère Ubu, couple ordinaire et sans enfant, en sont les deux personnages principaux.

A l’instigation de son épouse, le père Ubu, tel un Macbeth de pacotille, fomente une conjuration pour renverser Venceslas, le roi de Pologne. Le putsch est mené avec rapidité. Le roi tué, Ubu se rue sur la couronne et le peuple se rallie immédiatement au nouveau monarque. Sa réussite est d’autant plus surprenante et effrayante qu’Ubu ne fait preuve d’aucune qualité mais collectionne par contre avec arrogance les défauts les plus grossiers.

Une fois roi à la place du roi, plus rien ne l’arrêtera pour obtenir ce qu’il veut : « …manger de l’andouille, posséder une grande capeline et s’enrichir ». Lorsque ses espérances seront déçues, il se lancera, stratège conquérant, à la tête d’une armée contre le Czar et la Russie. En bon tyran, il faut non seulement « endormir le peuple », le leurrer par des distributions d’argent, organiser des jeux de divertissement mais aussi éliminer tout adversaire potentiel ou tout témoin de ses manigances. Ses fonctions politiques avaient montré sa cruauté et sa cupidité, ses fonctions militaires révéleront toute l’étendue de sa couardise et de sa lâcheté. Cependant surpris par la vengeance de Bougrelas, le fils cadet de Venceslas assassiné, sous-estimé par père Ubu, Ubu est littéralement écrasé par l’ennemi mais, comme dans les bons films d’horreur, il renaît de ses cendres annonçant peut-être de nouvelles aventures à venir.

LA SINGULARITE DU PROCESSUS DE CREATION DE L’INFINI

Par un véritable tourbillon de création, Jarry dénonce les travers universels du pouvoir : le théâtre n’est plus un lieu de divertissement pour un public avide de pièces faciles mais un véritable lieu d’expérimentation esthétique.

Le « merdre » d’ouverture qui avait tellement choqué les spectateurs de l’époque congédie quelque chose du passé pour rouvrir le rideau sur une véritable révolution dramaturgique. Ubu incarne la désillusion face à une vie politique décadente où crises et scandales se succèdent avec une légèreté désarmante, digne d’un feuilleton à sensations. Ubu, l’homme providentiel fédérateur est définitivement discrédité, l’homme providentiel est joué par un imposteur.

 

 

La compagnie investie d’une idéologie profonde, moteur de sa création, tente de remettre en question chaque choix esthétique en fonction de l’œuvre abordée. L’Infini ne se contente pas d’un discours alibi qui justifierait sa pratique. Il se plait au mélange des genres pour y chercher sa singularité de langage et réinventer chaque jour la forme de son  théâtre. L’œuvre nous invite donc à une jubilante expérience de subversion. Théâtre dans le théâtre, artifices, faux nez, masques, grimaces et fantaisies seront infiniment de la partie.

La « merdre » du mal ne tombe pas du ciel : par sa farce tragi-comique, Jarry, non seulement en démonte la machinerie, mais, précurseur de l’esprit libre et carnavalesque de Charlie Hebdo, il s’en moque génialement d’un sonore « merdRe » qui lui donne de l’R…

DISTRIBUTION 

France Bastoen:  Mère Ubu

Vincent Huertas:  Père Ubu

Laure Voglaire:  La reine Rosemonde, la bonne, une playgirl, une paysanne, une tortionnaire

François Langlois:  Le roi de Pologne, un partisan, un paysan, un tortionnaire, un soldat, le Czar de Russie, et d’autres

Réal Siellez Bougrelas: un partisan, un tortionnaire, un paysan, un soldat, et d’autres

Luc Van Grunderbeeck:  Le capitaine Bordure, un paysan, et d’autres

Régie de plateau, en alternance

Et différentes figurations : Arthur Ferlin et Paul-Henri Crutzen

Mise en scène:  Dominique Serron

Conseiller artistique: Laurent Capelluto

Assistants stagiaires: Sarah Gabillon

Scénographie & costumes: Christine Mobers

Création Lumières:  Franco Desautez

Création masques, nez: Lucia Picaro

Invention mobilité des poupées: François Langlois

Assistante pourpées et masques:  Elodie Vriamont

Administration:  Vanessa Fantinel

Communication:  Sylvie Perederejew

Graphisme: Manon Meskens

HISTORIQUE DE CREATION

Au Théâtre de la Place des Martyrs
Du 12 novembre au 12 décembre 2015