Revue de presse

La Fable du Lion et de l’Hippopotame

Vincent Zabus / Théâtre des Zygomars

Mise en scène : Dominique Serron

LA FABLE DU LION ET DE L’HIPPOPOTAME DE V. ZABUS

Webtheare – Michel Voiturier – Le 16 aout 2023

Rencontres de Huy : confronter les ados au difficile exercice de la justice

« … le jeu des comédiens et la mise en scène classieuse de Dominique Serron offrent une traversée ludique, des tableaux enlevés et des personnages attachants. »

Le Soir – Catherine Makereel – Le 17 aout 2023

Les Bonnes

 

Silly: théâtre au VertIGE de la scène !

L’Avenir – Daniel PILETTE – Le 21 aout 2023

Théâtre au Vert à Silly : départ en mode majeur !

DH NET – Daniel PILETTE – Le 17 aout 2023

L'info culturelle de 7h30 - François Caudron

par Les bonnes, Infini Théâtre, Dominique Serron

Le courrier recommandé - David Courier BX1

La Première - Charlotte Dekoker

par L'invitée : Dominique Serron, metteuse en scène

Radio Panik - Palmina Di meo

par L'humain en question

désir, terre et sang

Un poète assassiné offert en partage
Théâtre Avec Désir, terre et sang, les Baladins du miroir rendent un bel hommage populaire à Federico Garcia Lorca à travers l’adaptation de trois de ses textes les plus célèbres. La troupe belge défend son concept de « théâtre forain ». 
La cruauté, la jalousie, l’amour passionné, l’austérité des dogmes, la force de la jeunesse, bref, les frictions de la vie… résonnent comme un oratorio sous le chapiteau des Baladins du miroir, avec les mots chauds comme des braises nés sous la plume du poète et dramaturge Federico Garcia Lorca. La troupe belge dirigée depuis 2015 par Gaspar Leclère et qui, depuis sa création en 1980, défend son concept de « théâtre forain », poursuit sa démarche : « Aller à la rencontre des publics populaires au sens large. » Avec Désir, terre et sang, Dominique Serron, directrice artistique de l’Infini Théâtre de Bruxelles, adapte et met en scène trois textes parmi les plus célèbres de l’auteur espagnol : Yerma, la Maison de Bernarda Alba et Noces de sang. Seize comédiens et chanteurs sont sur le plateau (Stéphanie Coppé, Elfée Dursen, Monique Gelders, Geneviève Knoops, François Houart, Sophie Lajoie, Virginie Pierre et (en alternance) Irène Berruyer, Léonard Berthet-Rivière, Andreas Christou, Merlin Delens, Aurélie Goudaer, Florence Guillaume, Léa Le Fell, Gaspar Leclère, Diego Lopez Saez, Géraldine Schalenborgh, Léopold Terlinden, Juliette Tracewski, Julien Vanbreuseghem, Coline Zimmer. Ainsi que la compositrice Line Adam et les percussionnistes Gauthier Lisein ou Hugo Adam.

la place importante de la musique
Le meneur de jeu, mais on verra que son personnage est bien au-delà d’un Monsieur Loyal, explique d’abord ceci : « Vous venez pour l’enterrement ? (…) Ah, vous êtes venus assister à la noce ? Oui, c’est ici aussi. C’est par là, sur les banquettes rouges (…) Ce soir, un enterrement, une noce et un carnaval pour le même prix. » Et en supplément, quelques flashs sur la vie de Lorca, jusqu’à son exécution par des miliciens fascistes, quelque part dans la campagne de Grenade, à l’aube du 19 août 1936. Lorca, qui avait créé son théâtre ambulant, La Barraca, « a su donner à sa démarche une modernité précoce par une écriture libérée et inspirée entre autres par le surréalisme », souligne Gaspar Leclère. « Il dénonce avec force la condition des femmes d’alors, et c’est un des sujets que ne supportaient pas les fidèles de Franco », ajoute Dominique Serron. Ses œuvres ne seront à nouveau célébrées qu’avec le retour de la démocratie, en 1975. La musique occupe une place importante dans Désir, terre et sang, ainsi que le chant et, si l’aventure est belle et amère, il faut se laisser porter, comme par une vague de poésie, pour partager « une plainte, une mise en garde et un cri de révolte ».

Gérald Rossi, L’humanité – Mardi 12 Juillet 2022

« La piste du chapiteau a la sécheresse des campagnes andalouses brûlées de soleil, où rien ne doit changer. Sur cette terre les désirs empêchés, le poids des mères qui condamnent leurs filles au même enfermement que celui qu’elles connaissent, le désir des hommes arrêté par le manque d’argent et les haines familiales recuites vont faire couler le sang. La pleine lune, la forêt qui semble engloutir les amants, les aboiements des chiens dans la nuit, les discussions des femmes, créent un climat à la fois poétique et inquiétant, annonciateur des drames. Le spectacle est ponctué par des interventions de celui que les phalangistes appelaient le « maître rouge », l’instituteur ami de Lorca, qui rappelle la vie du poète, l’aventure de la Barraca et son assassinat sur une route menant à Grenade, la ville qu’il aimait tant. Line Adam a composé pour le spectacle, comme une lointaine réminiscence de la Barraca, une partition musicale où l’on retrouve les influences du cante jondo et du flamenco andalou, de la musique de Federico et de son ami Manuel de Falla, mais aussi l’écho de cantates de Bach. Fidèles à la langue du poète, l’espagnol, accompagnées par deux musiciens, les voix des femmes se mêlent à celles des hommes dans des chœurs rugueux et poignants. Un spectacle singulier qui rend hommage à l’univers de Lorca, sa révolte contre une société corsetée, son désir de liberté et sa poésie. »

Micheline Rousselet – Blog culture du SNES-FSU – 21 juin 2022

 « Veuves noires, femmes nubiles ou daronnes impitoyables, filles rebelles ou soumises, les femmes sont au centre de cette création et occupent tout l’espace. Les hommes font de brèves apparitions en périphérie. Tous subissent le poids des normes sociales et l’intégrisme religieux qui broie tout désir. Hystérie féminine d’une part, brutalité et maladresse masculine d’autre part. La seule échappatoire à cette chape de plomb est la folie, comme cette folle au logis, jouée par un homme, qui erre hagarde en gémissant : « Je veux m’en aller d’ici, je veux m’enfuir, pour me marier au bord de la mer, au bord de la mer, je veux un mari ». Des tableaux expressionnistes à la Pina Bausch se succèdent, les comédiens chantent, dansent, miment la tentation, l’excitation, la sexualité, les désirs, le rejet, les déchirements, les trahisons, la violence…  Les bras pendent le long du corps de femmes aux visages cachés derrière leurs cheveux, les dos s’arc-boutent, les doigts se tendent, les bras s’arrondissent, la musique n’accompagne pas la danse, elle est sa fidèle partenaire. Le public retient son souffle happé par le cercle en bois du plateau, emblème du théâtre forain. Spectateurs d’Avignon, soyez au rendez-vous ce théâtre immersif ; venez-vous installer sous la voûte étoilée des baladins comme un ciel andalou, vous y verrez l’arène rouge de sang, les chiens qui hurlent à la pleine lune, le chœur mystique des veuves, les malédictions, les fêtes gitanes, la terre d’Espagne « pleine d’entailles et de miel » selon Lorca, le duende …. »

Sylvie Boursier – Un fauteuil pour l’orchestre – 23 mai 2022

« Trente personnes, dont seize acteurs et deux musiciens, forment chaque soir l’équipe du spectacle pour rendre à Lorca sa force politique et au théâtre itinérant sa mission citoyenne d’initiation, de rencontre et de transgression. La roulotte qui se fait décor dans le cours du spectacle forme comme un rappel de la philosophie de la Barraca, une manière de rendre manifeste, comme dans le procédé du théâtre dans le théâtre, l’itinérance dans l’itinérance. « Le théâtre, c’est de la poésie qui sort du livre pour descendre dans la rue », avait écrit Lorca. Oratorio pour un poète défunt dont la voix troue le silence d’un désert sans perspective, Désir, terre et sang nous parle d’un espoir fou, où la liberté et l’éducation jouent le premier rôle. Et où la poésie emporte le regard…» 

Sarah Franck – Arts-Chipels – 24 mai 2022

« Le fait est que Lorca met en pleine lumière les personnages féminins. Ce sont elles les héroïnes de ces vies qui commencent sous le joug du père et des mères, pour finir sous celui du mari : des vies de papillons, faits d’ombres et de reniement, de soumission et de vieillissement prématuré, mais aussi de rêves, de désirs fous, de poésie. Les Baladins du Miroir ont ainsi convoqué une troupe majoritairement féminine qui, dans sa belle diversité, clame la révolte sourde de la vie même face à des règles sociales castratrices, humiliantes. Dans ce cri, l’appel franquiste : « Viva la muerte ! » est jeté en pleine lumière comme une menace morbide faite aussi sur nos libertés et à nos sociétés capables de se laisser séduire par le rabotage des droits des femmes. La crise qui dure depuis cinquante ans, n’explique pas tout. » 

Bruno Fougniès – La Revue du Spectacle – 30 Mai 2022

« Le chant, la musique, la danse, la vidéo enveloppent le jeu, qui se déploie sur la piste circulaire du chapiteau, sous les yeux du public hypnotisé. L’ensemble compose un conte d’amour et de haine, de désir et de frustration, dans un monde où « naître femme est le pire des châtiments », mais où les femmes peuvent être autant les instigatrices de la tragédie que ses victimes. Le texte de Lorca a l’immense mérite de montrer que c’est la tyrannie plutôt que les hommes qui fait l’essence du patriarcat, et que les femmes elles-mêmes peuvent être le relai de la servitude volontaire. Le travail de tous les artistes réunis par ce spectacle est éblouissant : ils créent des images puissantes et belles et interprètent le texte qui tuile savamment les trois pièces avec une vitalité, une souplesse transformiste et une émotion d’une rare qualité. »

Catherine Robert – La Terrasse – juin 2022

Le Sacre et l'éveil

Le Misanthrope

« Le Misanthrope » de Molière adapté aux réseaux sociaux, le coup de génie de Dominique Serron. Critique.

Certes, chaque pièce de Molière, pour peu que la mise en scène l’actualise, rappelle l’éternelle modernité du grand dramaturge. Mais lorsque Célimène, sensorielle et captivante Laure Voglaire, affiche sa page Facebook et guette fébrilement ses « like », cette contemporanéité explose au regard. Celui des autres avant tout, tellement prégnant dans « Le Misanthrope ». Car de quoi nous parle cette pièce sinon des rapports sociaux à l’heure où les réseaux se montraient moins virtuels ? 
Misanthrope, Alceste (Laurent Capelluto épatant et touchant) ne l’est pas de naissance. Trop aimer les hommes, les femmes, et la sienne en particulier, aura nourri cette amertume en lui, porte-parole d’un Molière désemparé face aux attitudes séductrices de sa jeune épouse.

Le Misanthrope n’aime pas Facebook

Célimène est sur les réseaux sociaux! L’Infini Théâtre adapte Molière dans une version «2017» inattendue. Le Misanthrope, l’une des plus célèbres comédies de Molière remise au goût du jour dans une version 2017, truffée de projections d’écrans et de communications vidéofilmées sur Facebook, voila qui a de quoi surprendre.

A. Bil. – L’avenir – LE 10 octobre 2017 

Le Misanthrope Molière en vers et comptes Twitter

On savait Molière impérissable mais de là à brancher «  Le Misanthrope » sur WhatsApp ! La version de Dominique Serron est connectée aux réseaux sociaux. Molière résiste décidément à tout. La preuve avec Le Misanthrope , comédie en cinq actes écrite en 1666. Sous la houlette de Dominique Serron en 2017, ses salons précieux se muent en communauté Internet, sa prosodie chantonne au diapason des tweets, son accessoire principal devient le GSM et son intrigue alimente une « story » (Instagram). Célimène prend des airs de Paris Hilton quand elle exhibe son shopping à coups de selfies tandis que ses prétendants prennent le pseudo de « bogoss » sur les réseaux sociaux.

Bref, la mise en scène s’empare allègrement des écrans pour démontrer que l’hypocrisie et la superficialité de notre ère virtuelle n’ont rien à envier aux précieuses ridicules du XVIIe siècle.

Catherine Makereel – Le Soir – le 03 octobre 2017